Posté: 19 mai, 2016
Être disciple du Christ : Réflexions
Lorsque je réfléchis à mon cheminement chrétien, un héritage précieux de mon église (Frères en Christ) est l'enseignement simple de l’obéissance du disciple du Christ. C'est un enseignement facteur de transformation, en ce qu'il demande un engagement sacrificiel et un dévouement au Christ et à sa cause.
Le mot ‘obéissance’ signifie simplement ‘soumission à l'autorité’. C’est la volonté d'exécuter les instructions de cette autorité. C'est ainsi que les premiers anabaptistes comprenaient le discipulat. Feuilletez les pages d’un livre d’histoire sur les premiers anabaptistes et sur leurs sacrifices, et vous ne manquerez pas de remarquer que leur motivation sous-jacente était l’obéissance et la fidélité au Christ, à l'Église et aux Écritures telles qu’ils les comprenaient.
Confesser le Christ comme Seigneur est un appel à le considérer comme la plus haute autorité dans nos vies. Par conséquent, tout ce qu’il dit doit être soigneusement accompli par ses disciples. Dans cet esprit, les premiers anabaptistes ont pris les paroles du Christ au sérieux (en particulier le Sermon sur la montagne), car ne pas le faire pourrait entraîner une grande ruine - derniers versets du sermon de Jésus (Mt 7/24-27).
Que signifie donc être disciple du Christ ? Autrement dit, qu’est-ce que l'obéissance au Christ ?
Une confiance qui conduit parfois à la souffrance
La nécessité de l'obéissance est la nécessité de faire confiance à Dieu et à son Fils, Jésus-Christ. Ne pas le faire conduit potentiellement à l'idolâtrie, ce qui déplaît à Dieu. L’Ancien Testament comme le Nouveau sont émaillés de récits qui mettent l'accent sur la nécessité et l'importance de l'obéissance à Dieu et à Sa Parole.
Étonnamment, l'obéissance à Dieu - bien que recommandée et bénie - ne conduit pas nécessairement au bonheur. En fait, elle a souvent conduit beaucoup de chrétiens à souffrir. Les premiers anabaptistes ont trouvé une source de force dans cette vérité, et ils ont persévéré. En raison de leur obéissance à Dieu, ces disciples ont souffert aux mains de ceux qui étaient opposés à la volonté de Dieu. Dans leurs souffrances, ils ont trouvé des encouragements dans les récits bibliques concernant Moïse, Elie, Daniel, Jérémie, et Shadrack, Meshack et Abednego, et surtout, dans la vie et les enseignements du Christ.
Nos ancêtres auraient dit ‘Amen !' aux paroles du pasteur et écrivain américain Chuck Swindoll, qui a écrit : « Lorsque vous souffrez et que vous perdez, cela ne signifie pas que vous désobéissez à Dieu. En fait, cela pourrait signifier que vous êtes au cœur de sa volonté. Le chemin de l'obéissance est souvent marqué par des moments de souffrance et de perte ».
Mener une vie d'obéissance est un choix. Dieu ne nous contraint pas à lui obéir. Nous obéissons volontairement à Dieu en toutes circonstances, sachant que Dieu sait toujours ce qui est le mieux pour nous. Et que ce ‘mieux’ s’accomplit parfois en passant par les épreuves et les triomphes de la vie. La missionnaire Elisabeth Elliot dit : « Dieu est Dieu. Parce qu'il est Dieu, il est digne de ma confiance et de mon obéissance. Je ne trouverai le repos que dans sa sainte volonté qui est au-delà de toute compréhension ».
C'est dans une telle vie de confiance en Dieu que l'on peut chanter en toute confiance : « Là où il me mène, je le suivrai / je vais avec lui jusqu’au bout ». En tant que disciples du Christ, nous devons comprendre que la souffrance est inévitable. Et, alors que nous ne devons pas l'accepter aveuglément, elle est pourtant un signe de vrai discipulat - de notre confiance en Dieu.
Confiance en Dieu dans la pauvreté et l'abondance
L'appel à l'obéissance dans l'Église a toujours été compris comme un appel à la fidélité aux Écritures ; aussi, les anabaptistes considéraient le Sermon sur la Montagne comme un guide normatif de vie avec Dieu, les uns avec les autres, avec leurs ennemis et avec les institutions telles que l'État.
Pensez à la vie des premiers anabaptistes. La majorité d’entre eux étaient pauvres, et certains le sont devenus en raison de la persécution, conséquence de leur foi en Christ et de leur compréhension des Écritures. Il n'est pas surprenant que ces croyants aient été attirés par des passages tels que Mt 6/25-34, qui enseigne à faire confiance à Dieu qui pourvoira à tous les besoins. La survie quotidienne était réellement dans les mains de Dieu. Pour eux, Dieu était tout.
Ces passages ont le même attrait aujourd'hui pour nos communautés qui connaissent des situations d'oppression, de conflit ou d'injustice. Pour nos frères et sœurs du monde entier dont le quotidien est fait d'incertitude, l'obéissance aux paroles du Christ n'est pas une option, c'est une marque de fidélité, une nécessité pour pouvoir persévérer.
D'autre part, ceux qui ont le privilège d’aider les démunis par obéissance aux Écritures sont appelés à donner sans que leur main gauche sache ce que fait leur main droite. Ils sont récompensés par le Père qui voit dans le secret (Mt 6/1-4). L'obéissance signifie la fidélité aux paroles du Christ sur des questions de nature éthique. Cela demande de vérifier constamment les motivations de ses décisions et des actions qui en résultent, pour pouvoir dire avec Paul : «Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père.» (Col 3/17).
Vivre dans la vérité sans avoir besoin de serments
Les vrais disciples du Christ vivent dans la vérité et par la vérité. Il n’y a jamais d’excuse pour mener une vie désordonnée. La vérité doit marquer toute leur vie.
Les premiers anabaptistes sont un exemple de vie authentique. Par exemple, ces croyants ne faisaient pas de serment. À cette époque, faire un serment était considéré comme l’aveu qu’un ‘oui’ n'était pas toujours un ‘oui’ et un ‘non’ pas toujours un ‘non’ (Mt 5/33-37). Les vrais chrétiens ne devraient-ils pas vivre dans la vérité tout le temps - pas seulement lorsqu’ils parlent aux représentants du gouvernement ou font des affaires ?
Pour obéir au Christ dans un monde qui glorifiait les serments, il fallait refuser de faire des actes semblables et être prêt à en assumer les conséquences.
Sur le chemin de l'obéissance au Christ, il y a des épines : diverses pratiques, nationales ou culturelles, dont certaines semblent inoffensives mais sont dangereuses pour la foi. En tant que chrétiens, nous ne devons jamais être naïfs. Nous devons étudier ensemble notre contexte à la lumière des Écritures et abandonner les pratiques qui nous empêchent de vivre la vérité de l'Évangile. En d'autres termes, que notre ‘oui’ soit ‘oui’ et que notre ‘non’ soit ‘non’! Notre obéissance au Christ se manifeste dans la façon dont nous répondons aux questions éthiques de notre époque.
Un esprit d'amour, d'humilité, et non de crainte
On ne peut parler d'obéissance chrétienne sans considérer le Christ comme notre modèle. Jésus, exprimant son obéissance à Dieu le Père, dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. » (Jn 4/34). Jésus s’est soumis lui-même à l'autorité de Dieu le Père, parce qu'il l'aimait. Dans la prière sacerdotale de Jn 17/20-26, nous avons un aperçu de la relation intime de Jésus et de Dieu. Des expressions comme « comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi » et « comme nous sommes un », nous montre ce qu’était leur relation. « Je t'ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m'as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître encore, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux » - révèle la manière dont cette intimité se manifeste dans le ministère terrestre de Jésus.
Je veux souligner ici que l'amour entre eux était intense. Il est important de constater que Jésus obéissait à Dieu par amour non par peur ou coercition.
Nous, nous obéissons au Christ par amour, cet intense amour que nous avons pour lui, comme le décrit cette prière puissante. Jésus était prêt à aller jusqu'au bout et à payer le prix ultime, la mort sur la croix, parce qu'il connaissait Dieu et qu’il l'aimait sans condition. L'Église de Jésus Christ aujourd'hui ne peut se démarquer qu’en reflétant la gloire de Christ, lui montrant une soumission et un amour absolu.
En outre, cette vie d'obéissance nous demande de pratiquer une vertu très importante : l'humilité. L’hymne de Philippiens 2/5-11 nous montre le lien entre l'humilité et la véritable obéissance. Christ a eu la volonté de se défaire de sa nature divine pour devenir un être humain, un serviteur. Il a remis son autorité à celle de Dieu. Christ a écouté cette autorité supérieure afin d’effectuer la mission pour laquelle il était venu. Il a bien voulu perdre ce qui paraissait précieux et important, afin de gagner ce qu’il ne pouvait encore voir, mais qui avait une importance cosmique.
Par conséquent, l'obéissance illustrée par le Christ se trouve (en termes romantiques) là où l'amour et l'humilité s’embrassent ! La véritable obéissance telle qu'elle est enseignée par l'Église, est la volonté de se soumettre à la Seigneurie du Christ, et, par amour pour lui et par humilité, être prêt à faire tout ce que le Seigneur nous commande de faire.
Aimer et prier pour ses ennemis
Jésus n’était pas embarrassé de dire : « Si vous m'aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements » (Jn 14/15). Par conséquent, nous devons prendre au sérieux ce commandement important - parfois difficile - donné à chaque vrai disciple du Christ : « Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent […]. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir ? […]. Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? » (Mt 5/43-44, 46, 47)
Ces versets sont intimidants, mais très profonds. L'Église actuelle ne peut se permettre de lire ces passages sans se livrer à l'introspection ; l'Église d'autrefois faisait de même. Il n'est donc pas étonnant que notre théologie de la non-violence soit basée sur ces passages.
On ne peut obéir au commandement de Jésus d'aimer son ennemi, et ôter la vie à ce supposé ennemi. Paul écrit : « Mais en ceci Dieu prouve son amour envers nous : Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs [ses ennemis !]. » (Rm 5/8). Dieu a tellement aimé ses ennemis - nous - qu'au lieu de nous anéantir, il nous a donné la vie par Jésus-Christ ! L'obéissance au Christ signifie que nous devons aimer ceux qui nous persécutent et, comme Dieu, souhaiter qu’ils vivent plutôt qu’ils meurent.
Il nous est demandé de prier pour ceux qui nous persécutent. Beaucoup de chrétiens croient en la puissance de la prière. Beaucoup sont en mesure de dire sans y réfléchir : « La prière change les choses ». Mais souvent, les chrétiens ne sont pas prêts à prier pour leurs ennemis. Peut-être est-ce parce qu’ils savent que la prière change les choses ? Ils ont peur que Dieu pardonne à leur ennemi. Ils préfèrent le voir souffrir ou mourir ! Ou peut-être ne veulent-ils pas que Dieu ouvre les yeux de leur ennemi à la vérité et qu’il accepte son salut ? Ils ne veulent pas partager avec leur ennemi le glorieux héritage du Royaume de Dieu.
Quand nous prions pour nos ennemis, Dieu transforme nos sentiments négatifs envers nos ennemis. Ces sentiments cultivent l'esprit de vengeance. Par conséquent, les entretenir manifeste un esprit rebelle : « Dieu, laisse-moi tranquille ! Je vais m’occuper de mes problèmes à ma façon. »
Nous ne devrions pas être surpris que le Christ, à la fin de son enseignement sur la prière (Mt 6/5-13), fasse une déclaration forte sur le pardon : « En effet, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos fautes. » (Mt 6/14-15). Cet enseignement va de pair avec l'enseignement sur l’amour des ennemis et la prière pour ceux qui nous persécutent.
Ceux qui aiment et suivent Dieu en Christ aimeront leurs ennemis jusqu'au bout - même au prix de leur propre vie. Ils prieront pour eux, espérant les voir accepter le Christ comme Seigneur et Sauveur. Ce faisant, ils pourront être « invités au festin des noces de l'agneau ! » (Ap 19/09).
Conclusion
C’est cet enseignement que j’appelle mon héritage. C'est mon trésor, et je cherche à le transmettre à la génération suivante afin qu'elle puisse faire de même.
Le monde est mieux servi par une Église obéissante, des disciples du Christ engagés à renoncer à tout pour lui afin de tout gagner (de lui). Telle est notre Église quand elle réalise qu'elle a tout ce dont elle a besoin pour être une force de transformation efficace dans le monde d'aujourd'hui.
Danisa Ndlovu
Danisa Ndlovu est président de la CMM et évêque de Ibandia Labazalwane kuKristu eZimbabwe (Église Frères en Christ du Zimbabwe).
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