Posté: 15 mai, 2015
Le 23 juillet, plus de 50 francophones de 12 pays différents se sont retrouvés sous la présidence de Max Wiedmer dans une salle perdue au fond d’un dédale de couloirs du Farm Show Complex de Harrisburg, en Pennsylvanie. Si perdue qu’une trentaine de personnes ne l’ont jamais trouvée… Échos de cette réunion du Réseau mennonite francophone. Elisabeth Baecher, rédactrice de Perspective, mensuel des Eglises mennonites de Suisse.
Habituellement, le Réseau francophone se réunit deux fois par an au niveau européen. Ce n’est que tous les trois ans, lors des rassemblements des délégués de la Conférence mennonite mondiale que les membres de plusieurs continents se retrouvent. Cette rencontre prend des airs de fête, tant les participants sont heureux de se revoir. Aux habitués se sont ajoutés cinq Québécois, deux représentants du Mennonite Central Committee (MCC) au Burundi, un implanteur d’Églises congolaises en Afrique du Sud, une personne du Bénin, d’anciens missionnaires et d’autres francophones de passage qui participaient au rassemblement mondial. Certains d’entre eux ont cependant eu du mal à comprendre les enjeux d’une telle rencontre.
Modeste francophonie
Pourquoi est-il si important que les francophones se rencontrent ? Les francophones se sentent souvent un peu seuls dans la grande communauté mondiale, dominée par l’anglais et l’espagnol. Mis à part les Églises mennonites du Congo très nombreuses, les francophones sont souvent dans de petites unions d’Églises du Canada (Québec), de Haïti, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, en plus de la France, de la Suisse et de la Belgique. Les Congolais sont très nombreux, mais en réalité beaucoup d’entre eux ne parlent pas le français.
Il est important de se rencontrer pour parler des projets en cours, des ressources disponibles en français et pour cultiver des relations fraternelles sans barrière de langue. En anglais, il existe une pléthore de livres, de cours et de sites Internet… En français, les ressources sont bien plus modestes et gagnent à être mises en commun.
Lors du rassemblement de Harrisburg, la Conférence mennonite mondiale a fait un réel effort pour traduire les documents en français et a déployé de grands moyens pour proposer une traduction simultanée en français lors du rassemblement.
Simple réseau ou projets communs
Les trois heures de rencontre prévues n’ont suffi qu’à faire un tour de table où chacun s’est présenté. Après les échanges par e-mail, par Skype, c’est un plaisir de se rencontrer en personne.
Quelques participants ont parlé de leur union d’Églises de manière plus détaillée. Certains pensaient qu’il était nécessaire que le groupe se structure de manière claire, qu’il formule des projets communs… Mais l’ensemble des personnes présentes n’est pas vraiment représentatif et n’a pas le mandat de prendre des décisions. Par ailleurs, le Réseau ne dispose pas non plus de moyens financiers.
Le plus important, c’est d’apprendre à se connaître et à découvrir ce qui se vit dans les autres pays. Lors des rencontres, nous avons appris par exemple qu’il existe dix Églises francophones au sein de Mennonite Church USA (congolaises et haïtiennes), qu’il y a un grand groupe de francophones en Angola, que les articles publiés dans le cadre du Réseau sont bien appréciés…
Le Réseau mennonite francophone existe maintenant depuis 15 ans. Des échanges se font occasionnellement entre la France, la Suisse, le Congo, le Burkina Faso et le Québec. Des liens se constituent et se régularisent. Des projets d’échange un peu plus importants ont vu le jour (des camps de jeunes Suisses à Haïti, de Français au Congo et cet été au Burkina Faso, une délégation québécoise en France et en Suisse cet automne…). Les agences missionnaires, le MCC et les Églises de chaque pays tissent des liens et créent des échanges.
La page Internet dédiée au Réseau francophone se trouve sur le site de la Conférence mennonite mondiale (www.mwc-cmm.org). Elle gagnerait à être étoffée en présentant davantage les ressources utiles et les échanges qui ont lieu entre membres du Réseau.
Une rencontre a eu lieu entre enseignants francophones de théologie avant le début du rassemblement de Harrisburg. Comme seuls quelques délégués africains ont eu le visa pour venir en Pennsylvanie, une nouvelle rencontre devrait avoir lieu en 2017 à Kinshasa. C’est dans ce pays qu’il y a le plus de lieux de formations mennonites francophones.
Particularité de la R.D. du Congo
La communication avec les mennonites du Congo s’avère souvent compliquée, compte tenu de leur nombre et des distances. Neal Blough l’a exprimé ainsi : « Vous êtes des géants, nous sommes des moustiques ! » Récemment, les trois grandes unions d’Églises mennonites (la Communauté mennonite au Congo, la Communauté des Frères mennonites au Congo et la Communauté évangélique mennonite) se sont regroupées pour relancer le Comité national inter mennonite (Conim). Ce comité devra répondre à des objectifs définis pour améliorer les relations entre les mennonites du Congo et les autres pays.
jectifs définis pour améliorer les relations entre les mennonites du Congo et les autres pays. Un grand sujet de frustration pour les quelques Congolais présents était leur difficulté d’obtenir des visas pour l’Amérique du Nord. Selon leurs informations, une personne devait gérer l’ensemble des 300 demandes de visa et a fini par disparaître avec l’argent… L’enquête est en cours.
Pour aller plus loin...
Le Réseau mennonite francophone a publié un livre international qui présente les églises qui composent ce Réseau, des articles provenant de divers pays, sur la non-conformité, le courage de s’opposer à l’injustice, la vision de jeunes pour l’église, une réflexion sur l’avenir du Réseau...
Vivre l’Eglise au-delà des frontières (14 auteurs) Dossier de Christ Seul 1/2012, Editions Mennonites, Montbéliard, 73 pages, 8 €, Commande : editions.mennonites@wanadoo.fr - tél. 03 81 94 59 14
Comments: