La politique compte

Qu’est-ce que le Royaume de Dieu et qu’est-ce que la Citoyenneté ? Le secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale considère ces grandes questions dans un ouvrage en anglais de la série « The Jesus Way: Small Books of Radical Faith » édité par Herald Press, en février 2021. 

Le bureau du Comité Central Mennonite (MCC) auprès des Nations Unies a pu lui poser quelques questions sur ce sujet. Cet entretien est paru pour la première fois dans la publication électronique UN Office global briefing du Bureau du MCC à l’ONU en mai 2021. 


Bureau du MCC auprès des Nations Unies : En tant que leader d’église, pourquoi avez-vous décidé d’écrire ce livre ? Pourquoi un livre sur la politique en ce moment ?  

César García :

Dans mon pays natal, la Colombie, nos églises étaient tellement divisées par la politique partisane que c’était un cauchemar. Nous n’étions pas en mesure de parler du processus de paix en cours dans notre pays parce que c’était un sujet de discorde. Même parmi les pasteurs d’une même conférence ! Des tensions sont apparues parce que les gens cherchaient des conseils auprès des dirigeants de l’église. Sur les médias sociaux, nous avons constaté que des commentaires variés et même des mensonges se répandaient et affectaient les membres de notre église. Nous manquions de matériel pour parler de l’engagement politique d’une manière très simple, mais profonde.

C’est ce qui a donné naissance à ce livre, ainsi que les réalités d’autres pays qui vivent des situations similaires. Ce type de polarisation nous accompagnera pendant de nombreuses années.

Dans le livre, vous dites que le message de Jésus était politique. Beaucoup de gens seraient surpris d’entendre cela. Que voulez-vous dire ?

Beaucoup de gens confondent politique et partisannerie. La politique est importante parce qu’elle concerne la manière dont notre société est organisée. Elle touche ce que nous pensons de l’argent, notre relation avec les gens différents, les gens marginalisés et l’injustice dans la société.

Le message de Jésus était profondément politique, car il parlait d’une nouvelle façon d’organiser une société.

Lorsque Jésus utilise l’expression « royaume de Dieu », il emploie un langage politique. Ce terme apparaît environ 140 fois dans la Bible. Lorsque Jésus dit : « Le royaume de Dieu est là », il parle d’une réalité politique, de notre façon d’organiser notre société, de nos valeurs et de nos relations les uns avec les autres.

La politique des gouvernements est souvent en profond contraste avec la société différente du royaume de Dieu. C’est pourquoi je dis que le message, la vie et la mission de Jésus sont profondément politiques. Il parle d’une nouvelle façon de vivre une nouvelle création, une nouvelle société.  

Dans votre livre, vous mentionnez la « politique de l’exil » comme votre modèle préféré d’engagement politique. Pouvez-vous nous en parler ?

Lorsque j’étais enfant en Colombie, certaines églises chrétiennes n’étaient pas reconnues légalement. Nous nous sentions opprimés, car nous n’étions pas autorisés à nous réunir librement. Des gens ont même attaqué des bâtiments d’église et menacé des responsables d’église. Eh bien, maintenant que nous sommes plus nombreux et que toutes les églises chrétiennes sont légalement reconnues, certaines églises sont devenues les oppresseurs parce que de nombreux chrétiens exigent des lois qui ne tiennent pas compte de la liberté des minorités. On a tendance à penser que les chrétiens devraient influencer la politique du haut vers le bas. Mais il existe une autre alternative.

Dans l’Ancien Testament, des voix critiquent les monarchies israélites issues de Saül et David, et considèrent cette forme de gouvernement comme une étape malheureuse pour le peuple de Dieu. Finalement, les anciens israélites se sont retrouvés en exil. C’est dans ce contexte que des leaders comme Daniel, par exemple, influençaient la société dans une perspective de vulnérabilité.

C’est ce que j’entends par politique de l’exil. Daniel et les autres exilés étaient unis autour d’une identité commune, celle d’un peuple déplacé en marge de l’empire.

C’est à ce type de politique que Jésus s’est identifié, le leadership sage de Daniel dans un contexte d’empire oppressif plutôt que le pouvoir descendant exercé par David. Ce que nous sommes appelés à faire, c’est d’inviter les gens, de manière volontaire, à adopter de bonnes valeurs.

Une grande partie de l’église n’a pas parlé des questions de structure sociale et de la manière de s’y engager. Pensez-vous que les structures peuvent être un péché ?

Le péché est plus qu’un comportement individuel. Le péché est lié à l’environnement dans lequel nous vivons. Lorsque nous regardons l’histoire de la chute dans la Genèse, l’humanité a quitté le paradis et s’est retrouvée à vivre dans des structures qui favorisaient le péché et la domination.

L’une des premières conséquences du péché est que Dieu a mentionné que les hommes et les femmes lutteraient pour avoir le pouvoir les uns sur les autres. Nos sociétés créent naturellement des structures de domination dans lesquelles des classes, des races et des groupes oppriment les autres.

Malheureusement, il est difficile de reconnaître ces structures parce que nous avons été élevés en leur sein. Nous sommes comme des poissons nageant dans un grand océan, incapables de reconnaître les eaux, les structures que notre société crée, jusqu’à ce que nous soyons sortis de l’eau.

C’est ce que signifie vivre dans le royaume de Dieu. L’Esprit de Dieu nous donne le pouvoir de vivre un autre type de société. Nous pouvons alors influencer à nouveau les sociétés de ce monde d’une manière qui soit cohérente avec nos valeurs.

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